- AMDG
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Dostoïevski
Jeu 20 Sep - 22:16
Chers amis,
J'ai aujourd'hui a cœur de vous présenter non pas une oeuvre, mais un auteur, et avec lui son oeuvre toute entière.
J'aime a penser que la plupart d'entre vous ont ne serait-ce qu'entendu son nom. Cet auteur, c'est Fiodor Mikhailovitch Dostoïevski. Pourquoi devriez-vous oser vous plonger dans les romans de celui que je considère comme le plus grand romancier de l'histoire (sans dépit aucun pour l'ensemble des autres auteurs bien entendu, seulement Dostoïevski est selon moi objectivement au-dessus)? J'aurai du mal a répondre seul a cette question et vais donc m'aider de l'analyse qu'en fait J.C. Powys. Pour Powys, ce qui fait d’abord la grandeur des romans de Dostoïevski, c’est la multiplicité des discours contradictoires au sein d’une même œuvre. Dostoïevski n’est pas un auteur à thèse, et aucun de ses personnages n’incarne sa pensée. Pour la simple et bonne raison qu’ils l’incarnent tous un peu à la fois. « Mais sa grandeur particulière d’auteur de fiction réside dans le fait qu’il n’est pas que le porte-parole de ces révélations, encore moins un interprète calme et critique, mais un véritable médium ; c’est-à-dire que nous avons l’étrange impression, en écoutant les propos de ses personnages forts dérangeants, qu’il est lui-même aussi surpris, choqué, terrifié et impressionné par ce qu’ils révèlent […] », écrit Powys. L'auteur subit en quelque sorte ses personnages. Il leur donne vie, mais ceux-ci lui échappent alors totalement.
Powys met ensuite en avant le réalisme de ses romans et de ses personnages. « Maintenant, ceux qui considèrent Balzac ou Tolstoï disons, voire notre Walter Scott, comme le plus grand des romanciers déclareraient j’imagine que les personnages les plus typiques de Dostoïevski sont si exceptionnels et anormaux qu’ils ne sauraient en aucune façon représenter des êtres humains ordinaires », note-t-il. Voici l’erreur commune : Stavroguine et Mychkine n’existent pas dans la réalité. Leur psychologie est trop absolue. Stavroguine et Mychkine sont des idées. Dostoïevski essentialise. Rien n’est plus faux.
« C’est seulement pour les ignorants que tous les moutons se ressemblent – l’homme ordinaire est une création de l’esprit conventionnel », affirme Powys. L’étrangeté, l’anormalité, l’exception fait partie de ce monde. Chacun recèle au plus profond de lui-même une richesse psychologique, une densité mystique. C’est la finitude qui décide les âmes. Par notre liberté, aucun de nous est ordinaire: nous sommes justement tous des êtres extraordinaires. Éprouver cette liberté en faisant l’expérience du bien et du mal, voilà ce qui pour Dostoïevski nous rend tous exceptionnels. « Mais faire le médium de la lutte mortelle opposant Satan et le Christ, dont les arsenaux fulminent l’un contre l’autre au sein de l’âme la plus simple, ce n’est qu’un des devoirs d’un grand romancier. », nous dit Powys.
Retranscrire la réalité. Telle est la tâche principale du romancier. Décrire avec précision les villes, les lieux, les individus, leurs tenues, leurs comportements… Décrire l’âme des hommes. Pour Powys, un grand romancier doit s’armer de trois qualités : créer des personnages convaincants, créer un arrière-plan convaincant et créer une intrigue convaincante. Dostoïevski réunit l’ensemble de ces qualités. Ce qui fait sa particularité, ce qui fait que Dostoïevski est le plus grand des romanciers, c’est qu’il développe dans son œuvre une quatrième dimension, la dimension cachée, la dimension mystique de la réalité. Dostoïevski ne s’arrête pas à la surface des choses. Il effectue un double mouvement : à la fois un mouvement de descente dans les bas-fonds de l’âme mais aussi une conversion du regard vers la transcendance. Dostoïevski monte autant qu’il descend. Pour être précis, il monte à mesure qu’il descend. Pour Powys, un personnage réaliste doit revêtir « un je-ne-sais-quoi sans lequel, par quelque étrange loi de l’esprit, les choses ne nous rappellent pas cette réalité profonde de notre expérience qui doit toujours reposer à la lisière du mystère ». La réalité de Dostoïevski – ce qui fait que Dostoïevski est le plus réaliste (et donc le plus grand) des romanciers – englobe la dimension cachée du monde.
Voila pourquoi vous devez lire Dostoïevski.
J'ai aujourd'hui a cœur de vous présenter non pas une oeuvre, mais un auteur, et avec lui son oeuvre toute entière.
J'aime a penser que la plupart d'entre vous ont ne serait-ce qu'entendu son nom. Cet auteur, c'est Fiodor Mikhailovitch Dostoïevski. Pourquoi devriez-vous oser vous plonger dans les romans de celui que je considère comme le plus grand romancier de l'histoire (sans dépit aucun pour l'ensemble des autres auteurs bien entendu, seulement Dostoïevski est selon moi objectivement au-dessus)? J'aurai du mal a répondre seul a cette question et vais donc m'aider de l'analyse qu'en fait J.C. Powys. Pour Powys, ce qui fait d’abord la grandeur des romans de Dostoïevski, c’est la multiplicité des discours contradictoires au sein d’une même œuvre. Dostoïevski n’est pas un auteur à thèse, et aucun de ses personnages n’incarne sa pensée. Pour la simple et bonne raison qu’ils l’incarnent tous un peu à la fois. « Mais sa grandeur particulière d’auteur de fiction réside dans le fait qu’il n’est pas que le porte-parole de ces révélations, encore moins un interprète calme et critique, mais un véritable médium ; c’est-à-dire que nous avons l’étrange impression, en écoutant les propos de ses personnages forts dérangeants, qu’il est lui-même aussi surpris, choqué, terrifié et impressionné par ce qu’ils révèlent […] », écrit Powys. L'auteur subit en quelque sorte ses personnages. Il leur donne vie, mais ceux-ci lui échappent alors totalement.
Nous sommes face à des livres orageux où les personnages percent le ciel comme des éclairs.
Powys met ensuite en avant le réalisme de ses romans et de ses personnages. « Maintenant, ceux qui considèrent Balzac ou Tolstoï disons, voire notre Walter Scott, comme le plus grand des romanciers déclareraient j’imagine que les personnages les plus typiques de Dostoïevski sont si exceptionnels et anormaux qu’ils ne sauraient en aucune façon représenter des êtres humains ordinaires », note-t-il. Voici l’erreur commune : Stavroguine et Mychkine n’existent pas dans la réalité. Leur psychologie est trop absolue. Stavroguine et Mychkine sont des idées. Dostoïevski essentialise. Rien n’est plus faux.
« C’est seulement pour les ignorants que tous les moutons se ressemblent – l’homme ordinaire est une création de l’esprit conventionnel », affirme Powys. L’étrangeté, l’anormalité, l’exception fait partie de ce monde. Chacun recèle au plus profond de lui-même une richesse psychologique, une densité mystique. C’est la finitude qui décide les âmes. Par notre liberté, aucun de nous est ordinaire: nous sommes justement tous des êtres extraordinaires. Éprouver cette liberté en faisant l’expérience du bien et du mal, voilà ce qui pour Dostoïevski nous rend tous exceptionnels. « Mais faire le médium de la lutte mortelle opposant Satan et le Christ, dont les arsenaux fulminent l’un contre l’autre au sein de l’âme la plus simple, ce n’est qu’un des devoirs d’un grand romancier. », nous dit Powys.
Retranscrire la réalité. Telle est la tâche principale du romancier. Décrire avec précision les villes, les lieux, les individus, leurs tenues, leurs comportements… Décrire l’âme des hommes. Pour Powys, un grand romancier doit s’armer de trois qualités : créer des personnages convaincants, créer un arrière-plan convaincant et créer une intrigue convaincante. Dostoïevski réunit l’ensemble de ces qualités. Ce qui fait sa particularité, ce qui fait que Dostoïevski est le plus grand des romanciers, c’est qu’il développe dans son œuvre une quatrième dimension, la dimension cachée, la dimension mystique de la réalité. Dostoïevski ne s’arrête pas à la surface des choses. Il effectue un double mouvement : à la fois un mouvement de descente dans les bas-fonds de l’âme mais aussi une conversion du regard vers la transcendance. Dostoïevski monte autant qu’il descend. Pour être précis, il monte à mesure qu’il descend. Pour Powys, un personnage réaliste doit revêtir « un je-ne-sais-quoi sans lequel, par quelque étrange loi de l’esprit, les choses ne nous rappellent pas cette réalité profonde de notre expérience qui doit toujours reposer à la lisière du mystère ». La réalité de Dostoïevski – ce qui fait que Dostoïevski est le plus réaliste (et donc le plus grand) des romanciers – englobe la dimension cachée du monde.
Voila pourquoi vous devez lire Dostoïevski.
AMDG
- wikiguerilla
- Messages : 73
Re: Dostoïevski
Ven 21 Sep - 23:15
Il y a quelques auteurs dont l'écriture est un vrai régal. Et c'est vrai que Dostoïevski se lit comme on contemple un beau paysage. C'est un plaisir à chaque ligne.
- InvitéInvité
Livres d'Alexandre Del Valle
Sam 22 Sep - 13:29
Bonjour
Les livres intéressants sont ceux d'Alexandre Del Valle, géo politologue réputé. Il est présent sur FB, Twitter, émissions TV et internet en général.
Il a une excellente vision de la situation géopolitique mondiale et surtout européenne.
Les livres intéressants sont ceux d'Alexandre Del Valle, géo politologue réputé. Il est présent sur FB, Twitter, émissions TV et internet en général.
Il a une excellente vision de la situation géopolitique mondiale et surtout européenne.
- Akseli9
- Messages : 67
Re: Dostoïevski
Lun 24 Sep - 13:30
Dostoïevski, immense, nécessaire, incontournable!
Il fait partie de la liste de lecture du penseur actuel que je tiens en plus haute estime, le professeur Jordan B Peterson.
(AMDG, peut-être devriez-vous changer le titre de ce sujet, et mettre tout simplement "Fiodor Dostoïevski" en titre? Pour qu'on puisse y revenir facilement quand on en aura l'occasion? Merci.)
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